De jour en jour, la colère monte chez les personnels face à la décision irresponsable et impréparée du président Macron de rouvrir les écoles et les établissements à partir du 11 mai.
Ils n’acceptent pas que l’économie prenne le pas sur le respect des règles sanitaires, que le gouvernement mette délibérément les personnels et les élèves en danger pour permettre que les entreprises puissent recommencer à produire. L’école n’est pas la garderie du MEDEF !
Comment reprendre dans ces conditions ?
Dans les discussions entre collègues, sur les réseaux sociaux, les mêmes questions et inquiétudes reviennent. Pourquoi serait-il sans risque d’ouvrir les écoles quand les cinémas, les théâtres, les restaurants resteront fermés ? Comment respecter les gestes barrières dans des écoles où s’entasse un nombre important d’élèves ? Comment garantir les distances sanitaires à 10, 20 ou 30 élèves par classe, et avec des élèves de 3, 5 ou 10 ans ? Comment un AESH ou des membres du RASED vont réussir à faire respecter les gestes barrières avec les élèves qu’ils ont à charge ?
Comment assurer que les écoles ne deviendront pas des foyers de contagion sans tester tous les élèves et les personnels, ainsi que l’entourage proche ?
Il est absurde de penser qu’enseignants et parents réussiront à tenir 6 heures par jour voire plus avec des masques ! Comment enseigner dans ces conditions ?
Des milliers d’enseignants vont reprendre les transports en commun. Quelle garantie avons-nous qu’ils ne vont pas avoir le virus et le transmettre à tous, à l’école comme à la maison ?
Quant aux directeurs d’école, cette annonce les mettra une nouvelle fois en première ligne !
La colère et la révolte grondent chez les personnels…
Partout en France, les personnels sont révoltés et refusent d’aller à l’école le 11 mai dans ces conditions. Voici ce qu’ils disent :
Au Puy, des AESH réunis avec le SNUDI-FO : « La décision du gouvernement est absurde, nous travaillons en contact rapproché avec les enfants, nous serons donc les premières touchées. Nous ne voulons pas nous mettre en danger, nous et nos proches et propager le virus. Le 11 mai, nous ne voulons pas aller au casse–pipe ! ».
A Toulouse, des enseignants réunis à distance avec le SNUDI-FO : « Il parait totalement irréalisable que le 11 mai, date où les écoles pourraient être réouvertes, les conditions garantissant notre santé et notre sécurité soient réunies. Persister à vouloir ouvrir les écoles sans garantir ces conditions ferait courir un grave risque sanitaire comme l‘indiquent de nombreux médecins ».
A Villeurbanne, des enseignants écrivent « Sans masques, sans gants, sans dépistages, sans pouvoir appliquer la distanciation et les gestes barrières dans des classes à 30, c’est notre vie qui est en jeu comme celles des parents. Nous refusons de faire la garderie pour les patrons. Nous refusons d’être sacrifiés pour leurs profits. C’est pourquoi nous décidons en l’état actuel des choses de ne pas reprendre la classe le 11 mai. ».
Dans une école maternelle de Haute-Savoie : « A défaut des conditions de sécurité, nous considérons dangereux de retourner dans les écoles et irresponsable de nous le demander ».
Mais l’indignation qui monte ne concerne pas que les enseignants loin s’en faut :
- Le président de l’ordre national des médecins déclare que « Déconfiner le milieu scolaire reviendrait àremettre le virus en circulation ».
- Les syndicats FO, CGT, SUD de l’hôpital de Beaujon (92) indiquent suite à l’annonce de réouverture des écoles le 11 mai : « nos hôpitaux subiront inévitablement une 2ème vague épidémique, qui pourrait être encore plus meurtrière dans la mesure où, selon les estimations, seulement 10% de la population présenterait une immunité. ».
- Des pétitions de parents d’élèves se multiplient sur internet contre la reprise le 11 mai pour dire « Nos enfants ne sont pas des cobayes ».
- De nombreux maires indiquent qu’ils n’ouvriront pas leurs écoles le 11 mai. Le maire d’une grande ville indique que cette décision est « déraisonnable », un autre explique que ce sera « impossible ». Pour un troisième : « Nous voyons tous les grandes difficultés de rouvrir les écoles alors que partout dans le monde ce sont les écoles qui ont ouvert après tout le reste ». Chaque jour, ils sont de plus en plus nombreux à s’exprimer !
Le ministre n’apporte aucune garantie
Plus que jamais, l’avis déposé par la FNEC-FP FO au CHSCTM qui mentionne notamment que « Le CHSCT M demande un dépistage généralisé aux personnels et aux élèves comme préalable à toute reprise d’activité » doit être appliqué ! Tout le matériel de protection nécessaire (masques FFP2, gants…) doit être fourni au personnel ! Toutes les écoles doivent être désinfectées !
Or, le ministre Blanquer a été incapable d’apporter ces garanties à notre fédération lors d’une audience le 15 avril. Pire il indique que les enseignants devraient faire classe aux élèves qui viendraient à l’école mais également enseigner à distance pour ceux qui ne viendraient pas ! Il parle même « d’obligations de service de circonstances exceptionnelles » !
Que prévoit le ministre ? Que chaque enseignant fasse le double de cours : un pour chaque moitié de classe ? Des cours en téléenseignement pour les élèves que les parents refuseraient d’envoyer en cours ? Le matin en classe et l’après-midi en « télétravail » ?
Aujourd’hui, il est clair que les conditions pour la reprise des classes le 11 mai ne sont pas réunies.
Le SNUDI-FO invite les collègues à s’organiser avec le syndicat pour exprimer cette colère !
De nombreuses réunions d’enseignants sont programmées partout en France, en visio ou en audio, à l’initiative du SNUDI-FO. Des pétitions sont lancées dans plusieurs départements.
Le rejet contre la reprise à tout prix le 11 mai, alors que les conditions ne sont pas réunies, est immense. Pour le SNUDI-FO, aller au casse-pipe le 11 mai c’est non !
Pour le SNUDI-FO, reprendre à tout prix, à nos risques et périls, c’est non !
Le SNUDI-FO invite les collègues à multiplier les initiatives, avec le syndicat, pour porter ces exigences sous toutes les formes possibles ! La colère et la révolte des personnels doivent se faire entendre !
Montreuil, le 19 avril 2020